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Il doit passer, il va passer. Le passant passe, un point c’est tout !

Il suffit de l’attendre, comme on attend un train qui ne s’arrête pas. Dans mon imagination, ceci pourrait être la fin d’une belle petite histoire.

Le passant n’a pas de bagages, sinon c’est un voyageur!

Le passant va doucement, sinon c’est un piéton!

Le passant regarde ce qu’il veut, sinon c’est un touriste!

Le passant s’agite de jour, de nuit, en ville, en campagne, en plaine ou en montagne; il passe partout mon passant. Mais ne le confondez pas, de nuit, avec un rôdeur, de jour, avec un vagabond, sur le pâturage, avec un maquignon.

J’aimerais parler avec un passant, il me montrerait ce que je côtoie moi-même et que je ne vois pas; il m’apprendrait à observer et à écouter avant de parler, à réfléchir posément avant d’agir bêtement. Il’apporterait peut-être les réponses à mes questions éternellement en suspens.

Toujours, avec mon imagination, je le vois avec un long manteau, un chapeau aux larges bords. Mais mon imaginaire vieillit avec moi, donc méfiance avec ces clichés…

Enfin, le passant passe un point…non, ce n’est pas tout.

Il faut que je rencontre mon passant. Pour ce faire, je décide de me rendre à la ville, car j’y augmente mes chances, pensais-je..Erreur, pas l’ombre d’un passant et que des piétons, avec la sensation de mettre mes pieds dans un jardin abandonné, où la nature a repris le dessus. Le piéton, ce bipède grand majoritaire en ces lieux est facilement identifiable: il marche vite, les yeux fixés sur les souliers et une main à l’oreille! J’ai dû m’écarter et me faufiler. Pas facile quand on a perdu le rythme.

Je découvre aussi le piéton fainéant, celui confortablement installé sur ses quatre roues carrossées, l’oeil méchant à la recherche d’un petit endroit pour immobiliser son engin dépensier!

Avant de reprendre mon chemin de fer, sachant que je ne trouverai pas mon passant idéal dans cette masse silencieuse, je mets la main encore sur un autre type de piéton fainéant. Alignés au bar d’un bistrot, ils débattent bruyamment sur le prix du ballon de blanc, sans se rendre compte qu’après le quatrième appel pour entendre une réponse invariable « mais oui, j’arrive » le prix du dit ballon a bien augmenté !

De retour au bercail, je sais dès lors que mon passant traversera mon village bientôt. Je voudrais lui faire part de ma grande crainte, celle d’être sûrement un piéton sans le savoir…

Ce fameux passant que je recherche tant,n’est-ce pas moi-même?

Dans la même collection, et à votre bon coeur:

Les voyageurs de Guerre

La nymphomane du pâturage

Gare à vous

L’intelligence de l’Imagination (épuisé)