Pas si facile l’Ukraine. Mon arrivée à L’Viv avec mon Defender m’avait déjà valu la curiosité intéressée de la police de la route ukrainienne si réputée, que je redoutais la route qui m’attendait pour Kiev. J’avais raison. A chaque contrôle je me suis fait racketter. Heureusement, pas un seul de ces ripoux ne parle une autre langue que l’ukrainien, heureusement car souvent, las de ne pas se faire comprendre, ils laissent partir leurs victimes. Ayant pratiqué l’Afrique à plusieurs reprises, je ne peux pas dire que je n’ai pas l’habitude de ce genre de désagréments. J’ai presque toujours adopté l’attitude qui consiste à ne rien payer quitte à attendre deux heures à un barrage. En Afrique, ils se lassent vite, mais en Ukraine, ils deviennent vite menaçant. Afin de m’éviter des problèmes, j’ai revu mon trip en Ukraine, car après un rapide calcul, si je continuais mon chemin et en comptant l‘aller-retour, c’est pas moins de 1’500 km à la merci de ces voleurs qui m’attendaient, de quoi me faire des soucis une quinzaine de fois au minimum. Changement de programme donc, je quitte ce pays le plus vite possible et par les petites routes car il semble que la police en est absente, quoi que. Direction Sirat en Roumanie. Je réarticule mon dispositif comme disent les élus, vers un pays moins pourri. Dommage car je n’étais qu’à 300 km de mon but, à savoir Pripyat. Je reviendrai en avion, j’aurai ainsi bien moins d’ennuis….
Il n’empêche que ma visite de L’Viv m’a révélé que ce pays en piteux état semble vouloir avancer. Mais dans les faits, les vieilles habitudes sont bien là. La jeunesse a juste envie d’exploser, mais l’environnement ne s’y prête pas. Tout est délabré, ancien, pire même le neuf sent déjà le vieux. Mais le pire c’est la campagne, elle a 50 ans de retard. Des villages aux ruelles de terre poussiéreuses, des milliers de chiens errants, de petites maisons de bois chauffées au charbon, des kolkhoses de l’époque soviétique encore en activité et que l’on confondrait avec des usines abandonnées au milieu d’étendues de champs de blé, tant leur état est en ruine. Hormis une route principale reliant L’Viv à Kiev plus ou moins neuve, le réseau routier est dans le même état que celui de la Côte d’Ivoire et la police y est identiquement corrompue. Pas besoin d’aller à Pripyat pour photographier des ruines, il y en a partout. Bien sûr, les filles sont jolies, mais au-delà du cliché, cela suffira-t-il à faire démarrer ce pays. Un avenir lié à la prostitution ? Au crime organisé ? D’obscurs riches nantis se pavanent au milieu de pauvres gens qui circulent en charrettes. Pour peu, on se croirait en Inde tant les différence sont criantes. Pauvre Ukraine, dont la population décimée par les nombreuses guerres et une catastrophe nucléaire, a comme seul espoir l’arrivée de milliers de supporters enivrés, avides de matchs et de prostituées pas trop chères pour un Eurofoot, qui promet l’entrée de capitaux dans les poches des plus corrompus. La tâche est immense pour ceux qui y croient. Je quitte donc l’Ukraine avec un sentiment de tristesse pour ces gens, dont l’avenir n’a pas l’air de leur promettre une météo clémente.
Largement compréhensible aussi, le désintérêt croissant de la population pour la politique, à voir les affiches des candidats dont l’expression donne la fâcheuse impression que seule l’envie de se remplir les poches compte. Les Ukrainiens, aujourd’hui libres de leurs mouvements, aspirent simplement à vivre pour eux, Qu’importe l’état du pays, ce qui compte c’est soi-même et les siens,
Après tout ça, j’en suis finalement venu à me dire que si j’étais Ukrainien, je partirai.
Quelques images de la route menant à la frontière roumaine.
Eglise
Cimetière et poteaux électriques…
Lac dans la région frontalière des Carpates (Ukraine)
Immeuble adminsitratif
Eglise…
Uns des classiques de l’Ukraine