Nous sommes de retour à Aqaba depuis trois jours afin de récupérer notre véhicule. Le port de marchandises a une immense activité et beaucoup de retard suite aux vacances de la fin du Ramadan. Le transitaire que nous avons sur place a désigné Mr. Rami comme étant celui qui va « s’occuper de tout ». Rami est très sympa, il parle une sorte d’arabo-anglais, rigole beaucoup et roule dans une improbable Yundai. Visiblement un peu brouillon au vu du nombre de « papiers importants » qui volent au gré du vent dans sa voiture !
Il lui a fallu un jour pour que notre container se retrouve dans la zone de dédouanement. Puis la journée marathon du lundi 28 a commencé à 8h du matin avec l’arrivée à l’hôtel de Rami et d’un douanier en tenue de combat assis dans sa Yundai. Départ pour le port. Là on m’explique que je ne peux pas entrer. Rami et le douanier vont voir le Container. Je leur explique que je dois assister à l’ouverture du container histoire de ne pas me retrouver avec un chargement d’AK 47 en lieu et place de mon 4×4 (ce qui dans certains pays ne fait pas bon ménage). Le container est malgré tout ouvert mais comme le Nostromo est verrouillé et que je refuse de donner les clefs, Rami m’enmène dans un bureau où un très gentil responsable de la sécurité m’écrit une autorisation de pénétrer dans le la zone. Finalement, on sort le Nostromo du container. Il a l’air d’avoir fait bon voyage.
Rami me demande la plaque arrière et nous voilà parti pour un hallucinant parcours du combattant dans la jungle de l’administration des douanes jordaniennes.
D’abord, notre douanier en uniforme qui était avec Rami s’en est allé sans regarder ce qu’il y avait dans la voiture et c’est Rami qui a rempli une feuille A4 en me demandant, par exemple, combien de kilos d’habits je transportais. Puis nous avons retrouvé ledit douanier dans un container avec d’autres de ses collègues dans un immense parc à 10min du port, où des centaines de voitures attendent je ne sais quoi et visiblement depuis très longtemps pour certaines, le soleil ayant fait exploser leurs pneus. Ah oui le soleil, il fait au moins 35° ici. Ce fonctionnaire en tenue de combat mais sans arme, appose des timbres sur des feuilles manuscrites en arabe, en buvant son café. Nous le laissons avec ses collègues vautr…..heu assis dans des canapé à l’ombre, en surveillant ce gigantesque parc sous cette chaleur implacable.
Retour au port, mais au « Main Port ». Pas moins de sept bureaux et autant de douaniers. Tous ont été plus que gentils. Pas la moindre trace de corruption. Dans le « Custom’s bulding 5 » heureusement climatisé, Rami s’est vu prêter main forte pour les démarches aux différents guichets, le tout interrompu par la prière de midi et de l’après-midi. C’est Abdallah qui s’y colle. Ce petit gars au physique de marathonien, parle un anglais parfait et a visiblement fait un long stage aux USA, vu son accent. Il nous explique en regardant par terre que les douanes sont lentes est inefficaces… Pourtant il y en a des fonctionnaires dans ce bâtiment, et de très sympas puisqu’avec l’un d’entre eux ont échangera même nos emails.
Il y a eu aussi la rencontre avec un Jordanien de plus soixante ans, condamné au même parcours dans cette jungle administrative avec sa voiture venue d’Allemagne. Mais c’est dans un allemand souriant qu’il m’explique sa ville natale de Madaba et comment il se brûle parfois les pieds dans les sources d’eau chaude d’Hammama’In près de la Mer Morte.
Avec nos dix-sept feuilles timbrées de toutes parts, nous repartons enfin pour le port de containers. Derniers timbres, puis on se présente avec le 4×4 au dernier contrôle où les douaniers me plombent le moteur (pas que je le change sans doute !!) Au passage, je verrai dans le port de marchandises un 40 tonnes écrasé par un container qui s’est détaché d’une grue de chargement, impressionnant. Je ne crois pas qu’il y a eu de vicitme, mais ça je l’avais jamais vu. Un beau Mercedes Actros tout plat.
Voilà on sort du port. Rami est fou de joie et me crie « on est libre » ! Il a fallu 9 heures pour en arriver là.