Les bonnes nouvelles se succèdent dans le petit monde du rock progressif. La sortie cette année de Your Wilderness de The Pineapple Thief en est un bon exemple. Ce groupe britannique formé en 1999 nous livre une cuvée pour le moins réussie. Inutile de faire l’histoire de ce band au leader pour le moins perfectionniste (souvenons-nous de 3000 days en 2009, où Bruce Soord avait retravaillé son œuvre), mais pour la sortie de ce nouvel opus, il leur fallait résoudre un problème de taille, à savoir trouver un digne remplaçant de leur batteur Dan Osborne. Il semble que c’est leur label qui leur suggéra de contacter Gavin Harisson, batteur talentueux du stratosphérique Porcupine Tree, actuellement en mode silence radio pour cause de multiples projets parallèles. Le jeu si subtil de Gavin propulse Your Wilderness au sommet du genre, comme si ce groupe atteignait cette grâce dans ce monde complexe, fait de perfections sonores et mélodiques et d’une intelligence inatteignable. The Pineapple Thief est, comme beaucoup, réduit à la confidentialité, alors il faut acheter ce disque, détenir ce bien, il en est un. Vraiment.
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Ici on parle musique
Cette année, la vraie découverte que ma modeste personne aura faite à Lorely NOTP, est sans aucun doute Lazuli. Bien sûr, je connaissais « la faille » diffusée presque en boucle sur Morow ; comment passer à côté d’une chanson « française » où l’ex-Marillion Fish pose sa voix sur les versets finaux. Génial. Mais voilà, le français se mélange mal au Rock Progressif, vite variété, vite cliché, même Ange a eu bien du mal à faire passer le français dans ce style si particulier. A croire que seuls les génies du genre se devaient d’être anglo-saxons et techniquement largement au-dessus du panier. Je n’avais donc pas poursuivi ma découverte de Lazuli, fort de mes préjugés, bien à tort. En cette journée de juillet 2015, sur les hauteurs de Lorelei, Lazuli a donné un concert qui fut tout de même une belle révélation. Une maîtrise du son quasi parfaite, un set distillé avec intelligence, une ambiance géniale, un public largement conquis.
Je te laisse ce monde (Lazuli)
Inutile de faire ici la biographie du groupe, vous la trouverez là, mais je me dois d’aborder un point qui me tient à cœur. Longtemps, j’ai pensé qu’une formation musicale qui déchire comporte 5 musiciens. C’est une peu mon défaut, mon côté ancien combattant, je l’admets. Lazuli aborde la question d’une manière très originale, puisqu’un des membres est à la fois guitariste et bassiste sur le même instrument, la Léode, sorte de Sticks développé par ce musicien suite au handicap de son bras gauche. Le résultat est excellent, des morceaux d’une composition fine, où les lignes de basse sont remplacées par du clavier discret, mélangeant les sons de la léode avec subtilité. Lazuli est une très bonne expérience musicale pour l’auditeur, sans compter le respect que cela induit.
Lazuli remonte clairement le niveau du rock en France, mais malheureusement condamné à ne pas être diffusé sur les principaux médias, probablement pour cause de non-compatibilité avec les créations sur-mesure des maisons de disques qui se disputent ce qu’il reste du gâteau. Pas facile de faire de la musique intelligente de nos jours….
Longue vie Lazuli
Il aura attendu plus de trente ans, mais c’est fait. Steve Rothery sort son premier album. Guitariste de Marillion depuis les début de la formation, il avait certes participé à des projets hors de son groupe, comme The Wishing Tree dont je lie une vidéo rien que pour le plaisir d’entendre la superbe Hannah Stobart…
Mais je m’égare, ce génial guitariste qu’est Steve Rothery a donc enfin sorti un album de sa composition. Contre toute logique commerciale -et ça nous plait- Steve Rothery a sorti la version live AVANT la version studio.
Pour acheter l’album The Ghost of Pripyat sous quelques formes que ce soit c’est là : Steve Rothery le site web
Steve Rothery est aussi -et c’est moins connu- un passionné de photographie. De géniales images de Marillion inédites à découvrir sur ce site Longue vie, Steve !
La nostalgie est peut être normale à mon âge, ou alors est-ce la déferlante d’archives toujours plus accessible du net qui l’alimente ? Aucune idée, mais j’aime me souvenir et encore plus de retrouver sur la toile des images oubliées depuis longtemps. C’est aussi une manière de porter un regard sur la culture qui a baigné mon adolescence, avec toute la réflexion de l’expérience d’une moitié de vie.
Alors je vais mettre un peu de sens à ces souvenirs et particulièrement ceux qui concernent la musique. L’émotionnel est très lié à la musique, un simple mélodie peut vous faire basculer des années et des années en arrière, à une époque heureuse ou pas. C’est d’ailleurs le fond de commerce d’Alain Morisod!
Très arbitrairement, je vais commencer ce périple dans le passé par l’année 1986, car là, j’ai quinze ans et je découvre, incrédule, le monde. J’aime, je déteste, je commence à comprendre que la suite ne va pas forcément être simple. 1986, c’est un peu l’année où je me suis réveillé. Mais pour l’histoire avec un grand H, 1986 reste une année relativement riche en évènements. Je parle bien sûr de ceux qui m’ont marqué comme la démonstration du savoir-faire russe en matière nucléaire, dans l’usine jusqu’alors inconnue de Tchernobyl en Ukraine, ou encore la navette Challenger qui aussitôt partie vers l’espace est redescendue sur terre sous forme de petits morceaux de métal incandescents, cosmonautes compris. En 1986 le monde est divisé en deux: Les bons et les méchants. Par chance j’étais chez les bons, d’ailleurs ne dit-on pas « l’ennemi est bête il croit que c’est nous l’ennemi, alors que c’est lui » ! Bref, le mur de Berlin et là pour nous rappeler qu’il y a deux mondes dans le monde. Sinon les conflits se portent bien, il y a des guerres dans le Golfe persique, au Liban, en Amérique du sud, en Afrique. Plus légèrement, dans le monde de l’art, c’est des sorties de films au cinéma dont quelques-uns deviendront cultes, c’est aussi des artistes « français » -majeurs ou pas- qui se tuent en moto ou en hélicoptère et Téléphone qui raccroche définitivement. Mais 1986 c’est aussi –et on en a peu parlé- mon camp de ski à Zinal où j’ai personnellement trouvé qu’il faisait beau y être…
Musiques et vidéos
Pas facile de faire une sélection, mais commençons par l' »original soundtrack » du film Rocky IV. C’est un des premiers films que j’ai vu au cinéma, un mercredi après-midi, accompagné d’une adolescente qui, si le monde n’avait pas été injuste, aurait dû se marier avec moi(!) Bref le cinéma avec les filles, c’est l’étape de la vie qu’on n’oublie pas…. Survivor passait en boucle sur Music Box, l’ancêtre de MTV. Le film lui est un navet, mais à l’époque j’avoue que je n’en m’étais pas aperçu
Mister Mister n’a pas fait beaucoup d’albums, même si les musiciens qui composent ce groupe poursuivront des carrières plus ou moins réussies à l’instar de Pat Mastelotto le batteur. Broken Wings restera à jamais en moi.
Toujours la même année, les excellents Van Halen et leur nouveau chanteur me font comprendre qu’il n’y a pas que Michel Sardou qui a de jolies lumières sur scène et que le rock FM attire bien plus les jolies filles….
Les Pet Shop boys arrivent au début 1986 avec West End Girls. La déferlante brit pop ne me laisse pas indifférent, mais ça sera leur seul titre qui me fera vibrer. Très bonne vidéo au demeurant.
Le milieu des années 80 c’est aussi des groupes qui nous ferons rire encore longtemps et qui laisseront un trace caricaturale de la décade. Je me souviens très bien d’Alphaville qui rencontrait un immense succès auprès de mes congénères à l’école. Alphaville était un groupe allemand qui a connu un immense succès et dont les membres devaient prendre beaucoup de drogue. Résultat; une sorte d’électro-pop-kitsch, merci à eux !
Plus sérieusement, en 1986 je découvre Fugazi, le deuxième album de Marillion. C’est la révélation. Quelque chose me correspond si profondément que Marillion reste aujourd’hui un groupe que j’écoute régulièrement, comme vous avez certainement pu vous en apercevoir au travers de mes billets. Pour la petite histoire, je n’ai découvert la vidéo d’Assassing que bien des années plus tard, car en 1986, ça ne passait pas à la TV. Ici nous avons droit à une version « Alternate mix » très intéressante. Je reviendrais plus tard sur ce groupeLa première fois que j’ai vu la vidéo de Rock me Amadeus, je me suis dit que le gars qui avait fait ça était un génie ou un fou. La production de ce titre est extrêmement bien foutue et mérite -pour les amateurs- un écoute sous casque. Pour la petite histoire Falco s’est tué en voiture en 1998 à Madagascar. En Allemagne, un film lui a été consacré. Ce titre a quand-même été classé N°1 aux USA, ce qui est une performance.En suivant ce lien, vous verrez une superbe version live de Rock me Amadeus avec un philharmonique et Thomas Lang -pour les connaisseurs- à la batterie.Bon il y a les inévitables « Fab’ five » Duran Duran, qui fort de leur succès planétaire, sortent le finalement assez bon Notorius. Allez hop un extrait, car j’aimais aussi ça.
Pour finir avec la pop, il y avait bien sûr Prince, dont on se moquait de sa voix si aiguë dans Kiss, mais dont je comprendrais que plus tard le génie de cette chanson.
Puis il y a David Bowie, sans qui le monde serait différent j’en suis sûr. En 1986, Absolute Beginners, film musical sort et dont est extrait ce « soundtrack »
Cinéma
Impossible de mettre toutes les vidéos des films que j’ai découvert en 1986, alors je vous renvoie à des liens pour les extraits; Dans le désordre, Highlander que j’avais adoré, ou le génial premier épisode de Retour vers le futur. L’incroyable Kamikaze avec Galabru en fou furieux, et l’affiche de Platoon qui a tellement marqué mon esprit que je me souviens même où elle était placardée dans ma ville d’alors. Bien sûr il y en a eu bien d’autres, mais en 1986, aller au cinéma explosait mon budget…
Dans le genre, Live to tell de Madonna est un tube énorme en 1986, mais le film Comme un chien enragé (At close range) dont est extrait cette chanson vaut le détour.
Voilà pour l’année 1986, bien sûr que j’ai probablement oublié plein de bonnes choses, je vais essayer de me rattraper avec l’année 1987 !
C’est à chaque fois la même chose. Le temps défile -pour moi- un peu plus lentement dès qu’un nouveau Marillion s’annonce à l’horizon. Marillion, le plus que trentenaire, arrive encore à provoquer cette impatience si perceptible.
Mais il est finalement arrivé ce 17ème album studio. Fidèle à eux-mêmes, nos cinq génies ont partagé, via leur plate-forme internet, avec leurs fans la composition de l’album et proposé un extrait juste avant sa sortie (Power). Plus grand-chose d’original en fait, puisqu’ils pratiquent ainsi depuis plusieurs années.
Ce qui est toujours pareil, c’est le silence complet de la presse face à Marillion. Seuls les sites dédiés ou « spécialisés » écrivent sur eux, comme s’il était impossible aux généralistes d’en parler.
En fait, Marillion est prisonnier de son image, depuis les années 80’s (période Fish et le succès de Misplaced childhood). Pour illustrer mes propos, on peut comparer à d’autres groupes comme Van Halen ou AC/DC, qui souffrent des mêmes symptômes; leurs « chanteurs-leaders » sont partis depuis bien longtemps, mais rien n’y fait. Dans la mémoire collective, les groupes sont associés à leurs premières images et pour les fans de la première heure, il est impossible qu’ils fassent mieux qu’avant.
Pourtant chez Marillion, Steve Hogarth, le chanteur actuel, fait partie du groupe depuis plus de vingt ans, alors que Fish n’aura fait en définitive que 10 petites années avec, certes, des albums désormais historiques et une décennie devenue culte. Mais depuis 1989, date de leur séparation, Marillion a composé de véritables Chefs-d’œuvre comme Brave, Marbles ou plus récemment Hapiness is the Road. Ajoutons à cela l’habile développement d’une plate-forme commerciale via le net pour s’affranchir des majors. Mais voilà, toujours rien dans la presse. Marillion n’intéresse pas les élites journalistiques.
Mais vu la qualité de « Sounds that can’t be made » on pourrait presque se dire que les rédacteurs de l’actualité musicale sont de sacrés incapables, juste bons à chroniquer la musique sortie des usines à tubes. Comment passer à côté de ça…. 70 min de musique de haut niveau, 8 morceaux de choix, un album abouti, avec des passages énormes et quelques clins d’œil à leur passé, de vieux réflexes, mais si magiques avec le son d’aujourd’hui. Une chose est sûre, Marillion fait du Marillion. Comme dirait un célèbre comique,tant pis pour les ignorants. Cela dit, qu’ils passent à côté de cet album ne les fera guère souffrir, car finalement le monde de la musique est si vaste. D’ailleurs Marillion a-t-il besoin de reconnaissance ? Non. Chaque concert affiche complet et Marillion, comme ses fans se sont passés depuis longtemps de la couverture médiatique. L’essentiel est ailleurs.